7 au 19 avril 2025
84 h / 12 j
Théâtre de Lorient - CDN
Inscriptions ouvertes
Date limite inscription 23/02
Chantier ouvert à 14 artistes interprètes professionnel.le.s
Les Atrides, notre humanité
Une recherche à partir d’Iphigénie, Agamemnon et Électre, de Tiago Rodrigues
A travers toutes les tragédies actuelles que nous traversons, je m’interroge sur notre humanité, au sens d’une sensibilité individuelle et collective, quand elle est à ce point fragile et qui serait un gage de résilience. Dans sa réécriture du mythe des Atrides, Tiago Rodrigues nous rappelle aussi bien les éléments constitutifs de la Tragédie que les possibilités de l’empêcher. Le Chœur d’Iphigénie notamment, exhorte à un exercice de mémoire sur les événements qui créent la tragédie, tout en interrogeant précisément ce qui permettrait de ne pas y sombrer. Comment des situations virent-elles au tragique quand le pire semble pouvoir être encore évité ? Mémoire collective et pouvoir sont-ils donc irréconciliables ?
Ces histoires nous touchent également parce qu’elles racontent des liens familiaux millénaires regardés à dimension humaine par Tiago Rodrigues.
Agamemnon, Clytemnestre, Iphigénie, Achille, Cassandre, Électre etc. n’incarnent plus ici seulement des figures tragiques lointaines, mais des hommes et des femmes aux prises avec des situations hors-normes, inouïes dans l’écriture de Tiago Rodrigues, proches de nous.
Nous prendrons le temps de nous rencontrer en expérimentant la place du chœur, sa fonction, son impact dramatique. De cette entité émergeront peu à peu les personnages de ces pièces. Nous enrichirons notre recherche par d’autres textes écrits sur ce mythe. Nous chercherons comment le pouvoir peut posséder les hommes et céder à une justice régie par la loi du talion.
L’art du jeu est un art fragile. Par fragilité, j’entends ce qui naît du doute et du questionnement intérieur, comme la matrice d’un geste créateur. Nous chercherons à construire différents dispositifs scéniques pour explorer la parole du chœur, un dialogue, un monologue comme on pourrait marcher sur un fil à 10 m de hauteur, là où le corps et la voix pourraient n’avoir pour seuls guides qu’une nécessité à être absolument perçus et entendus. Nous travaillerons enfin une sorte de « fabuleuse improvisation » que nous travaillerons et enrichirons au fur et à mesure de l’avancée du chantier.
Nous tenterons également de ré-interroger notre perception du public, celles et ceux pour qui et à qui nous racontons. Comment le public pourrait-il rester un réel partenaire ? Quelle serait la nature de ce lien quand nous transmettons un récit ? Un public complice d’une vingtaine de personnes viendra se prêter au jeu sur plusieurs temps de travail ciblés au cours de ce chantier.
Antoine Orhon, compagnon de route depuis plus de 10 ans, abordera avec moi le chantier en apportant sa singularité de pédagogue et d’interprète (comédien et performeur) et par la connaissance qu’il a de mon travail. Julie de Maupeou apportera un éclairage des écrits passés sur ce mythe, des enjeux des situations traversées, une matière à la fois intellectuelle et sensible au service de la vie au plateau. Son regard nous permettra d’envisager le mythe des Atrides dans sa grande richesse et sa complexité.
Nous rêvons à un chantier qui se déroulerait dans la plus grande bienveillance, un temps joyeux et délicat. On aura aussi besoin de fous rires !
Antoine de La Roche