Outsiders

Personnes enfermées, vulnérables, précaires, handicapées, 

de l’atelier au chantier de création

Ce chantier s’adresse à tous les artistes (spectacle vivant, artistes visuels, auteurs, …) qui souhaitent approfondir leur réflexion et faire évoluer leurs pratiques professionnelles dans leurs actions hors du champ des espaces artistiques et culturels traditionnels : lieux d’enfermement, prisons, hôpitaux, foyers de migrants, lieux du Grand-Âge, du handicap, etc…

Rencontrer « l’autre de l’artiste », ce « peuple qui manque » questionné par Paul Klee.

Comment mener un travail artistique, susciter des gestes de création avec des personnes qui ne sont plus ou n’ont jamais été invitées à la fête de l’art et de la culture ? 

L’art brut désigne par le terme « Outsider », toutes ces personnes sur le côté, dans la marge, jamais favoris dans la grande course sociale et qui pourtant sont des sujets porteurs d’imaginaires et possiblement inventifs, parfois au-delà de toute attente. 

Depuis de nombreuses années, les artistes ont tenté des constructions créatives avec eux - au moins depuis Armand Gatti. Presque en même temps, les institutions sociales, médico-sanitaires, éducatives, ont ouvert des ateliers de pratique culturelle et / ou artistique, en les alignant comme ils pouvaient avec leurs missions spécifiques. Les artistes ont répondu à ces demandes « d’intervention » en s’efforçant d’articuler leur savoir-faire avec les réalités de mondes complexes et au contact de personnes qui ne les attendaient pas.

Notre projet consiste à emmener les participant.e.s vers un ensemble de lignes de travail et de recherche afin d’explorer toutes les dimensions singulières de ces pratiques « hors-champ ». Comment ne pas savoir à la place de l’autre ? Comment aborder le « non-désir » ? Comment mettre en travail la précarité ? Comment respecter les droits culturels de chacun.e ? Comment maintenir les exigences du geste artistique ? Comment se décaler par rapport à son champ disciplinaire, pour mettre en œuvre les objets multidimensionnels que suscitent ces pratiques et qui nous obligent aux croisements et aux porosités ? Comment accepter de questionner nos histoires et d’entendre celles de ces autres afin de réaliser ce que nous faisons ensemble ? Voilà quelques-unes de nos pistes de décollage, en voyages aller-retour entre la pensée et la production.

La formation se déroulera en trois temps : 

Une première semaine d’investigation des différentes dimensions précédemment évoquées, après délimitation des pratiques pertinentes pour les participant.e.s, ateliers pratiques en lien avec les chantiers que nous menons tout au long de l’année, rencontres concrètes, micro-expérimentations. La semaine verra chaque participant.e choisir une expérience en cours ou attendue pour elle ou lui, qui fera l’objet de sa recherche personnelle.

La deuxième phase se déroulera lors de regroupements régionaux, au cours desquels nous viendrons travailler avec les participants sur leurs thématiques spécifiques. 

Le troisième temps rassemblera les participant.e.s dans l’élaboration de traces communes, à partir des expériences traversées dans le temps 2, au regard des interrogations du temps 1. 

Chaque après-midi sera consacrée à une approche collective des éléments produits par chacun.e à partir des espaces biographiques : fragment théâtral ? Dansé ? Production photo ou vidéo ? Texte en écriture ? etc…Cette mise en commun tentera une forme artistique où chacun.e expérimentera la porosité des disciplines et tentera de façonner à multiples voix, un récit transmissible de ce qui aura été exploré dans le stage.

Rencontres avec des spécialistes (autour des thématiques de la précarité, de l’art brut, etc…)

Jean-Pierre Chrétien-Goni et Hélène Labadie