Ecrire debout

Au hasard, au présent, au plaisir, pour le plateau et la caméra

Un plateau de théâtre, une caméra, un écran de cinéma.

Sur le plateau et dans ses alentours, une équipe d’acteurs et d’actrices improvise à partir de protocoles déterminés : les règles du jeu. Tour à tour ou simultanément, ils sont interprètes, opérateurs vidéo, manipulateurs de l’espace, arbitres des contraintes de l’improvisation. Un groupe polyvalent invente et incarne au présent quelque chose qui est à la fois un spectacle, un film, et le spectacle d’une équipe en train de fabriquer un film. Théâtre et cinéma dialoguent, se superposent, s’entrelacent, selon l’articulation féconde de leurs propriétés respectives.

Dans ce royaume de la surprise, on cherchera des solutions ensemble, on s’écrira une histoire ensemble, à la poursuite d’un équilibre délicat entre la volonté et l’écoute, la proposition et la réaction, la préméditation et l’accident. On cherchera à faire sensiblement naître et exister des êtres de fiction, dont l’identité, les relations, les enjeux puissent se dessiner peu à peu et évoluer dans l’irruption de l’inattendu, dans le régime de spontanéité du jeu de rôles, à travers les connexions de hasard, les retournements de la situation, par la grâce de ce qui traverse et saisit le corps de l’actrice, de l’acteur, à chaque seconde d’après.

Il faudra essayer de vivre ainsi, sur le plateau et à l’image, dans une intensité délivrée d’intention, dans la disponibilité à l’émotion qui vient. Écrire debout et sans savoir, au présent, collectivement. Aller vers l’autonomie de l’individu et du groupe, se bricoler petit à petit un langage commun, se trouver des complicités, s’étonner encore les uns les autres, se raconter peut-être un peu, poursuivre le rêve de produire ensemble quelque chose comme de la vie, spontanée, irréductible, sans bornes, de la vie contre l’ennui.

Photo vignette chantier : © Simon Gosselin