Créer un festival. Ecriture du réel, spectacle in situ

Depuis plus de cinq ans et la création du festival La nuit la plus chaude, nous rencontrons notre territoire, nous tissons des liens intimes avec la population, les acteurs culturels locaux et le paysage ; nous interrogeons, nous affinons notre pratique pour que chaque spectacle nous ressemble, rassemble et s’inscrive sur le territoire, pour que chaque proposition trouve un écho dans la vie des spectateurs et fasse nécessité – pour les artistes comme pour le public : comment la représentation peut-elle devenir un événement collectif, une fête, un instant de convivialité, de partage nécessairement politique ?

À travers le partage de notre expérience, nous souhaitons vous inviter à imaginer vos propres outils de production en cohérence avec les défis politiques culturels et environnementaux.

Alors, imaginons que le service public de la culture, comme nous le connaissons depuis quelques décennies touche à sa fin, que tous les outils mis à la disposition de ses acteur.rice.s disparaissent.

Imaginons par ailleurs que des circonstances particulières aient réunis dans un château une troupe d’artistes :  comédien.ne.s, danseur.euse.s, musicien.ne.s, auteur.rice.s, qui en dépit de tout, ont la nécessité / l’envie de poursuivre leur travail - ne serait-ce que parce que c’est leur métier / passion et parce qu’ils n’ont donc pas d’autres choix que d’y croire, eux, en la nécessité de la culture.

Nous proposons avec ce chantier nomade, une plongée dans les enjeux esthétiques, pratiques, politiques de la création d’un festival in situ, pour et avec, les forces et résistances d’un territoire.

Nous devrons alors faire de ce paysage (de ce château, de ces forêts, d’un étang ou des prés environnants) le cadre de représentation, un théâtre, trouver le paysage qui va inspirer l’histoire, ou trouver l’histoire qui « enchantera » ce paysage, qui parlera de chacun.e et d’aujourd’hui.

Nous partirons en repérage, rencontrer les acteurs locaux (associations, maraichers, restaurateurs …) pour pallier l’absence de financement par la connaissance de ceux qui vivent là. Nous devrons convaincre.

Nous devrons nous organiser, nous poser la question des différents postes de travail (cuisine, bar, communication, régie générale…) pour que cette représentation soit une réalité, une magnifique étude de cas en immersion, nous devrons également convier le public, saisir la raison pour laquelle cette représentation peut rassembler, peut faire nécessité pour tous ici.

En 12 jours, nous créerons un festival transversal né du croisement de ces circonstances (ce paysage, ce territoire, cette situation, cette troupe) et nous tenterons de dessiner le cadre idéal pour susciter la présence et la disponibilité du public. 

Cet événement sera nécessairement singulier, festif, collectif et politique.

Hélène Marchand et Jean Bechetoille