Le jeu baroque, une source d’inspiration pour la création contemporaine

Les textes de théâtre qui nous sont parvenus du XVIIe siècle ne sont que les traces incomplètes des spectacles dont ils gardent le souvenir.  Comme l’écrit Molière dans la préface de L’Amour médecin, « On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. »

Pour découvrir ce jeu caché, nous pouvons faire confiance à nos yeux d’aujourd’hui, mais nous pouvons aussi tenter de nous demander avec quels yeux ces textes ont été lus à l’époque de leur création. À l’instar des musiciens dits « baroques » qui s’intéressent aux instruments, à l’esprit et aux savoirs nécessaires à l’interprétation des partitions anciennes, les recherches sur l’art et les techniques du jeu de l’acteur / actrice au XVIIe siècle offrent un éclairage nouveau sur les textes qui nous en sont parvenus. Au côté d’une histoire littéraire du théâtre, c’est ainsi une histoire du corps de l’acteur qui émerge, histoire inspirante, où l’espace qui s’ouvre entre ce que l’on peut en savoir et ce que l’on ignore devient terrain de jeu au présent et le ferment de créations futures.

Dans ce chantier, nous explorerons les techniques de jeu de l’acteur du XVIIe siècle à travers le théâtre et la poésie de cette époque. Nous verrons comment les autres arts (la peinture, la musique, la danse) complètent les traités de gestuelle et de déclamation qui nous sont parvenus. Au-delà de l’intérêt historique, nous nous intéresserons à la façon dont ce jeu de règles et de contraintes nouvelles anime le corps et l’imagination de l’acteur contemporain. Par sa façon de prendre à rebours des habitudes de jeu, de brouiller les frontières entre le geste théâtral et le geste dansé ou entre la parole parlée et la phrase musicale, le jeu baroque rejoint des recherches actuelles sur un langage scénique à la frontière des arts. 

Ce chantier se veut donc un temps de partage de techniques anciennes, mais aussi un lieu de recherche tourné vers l'invention et l'écriture de formes nouvelles.

Benjamin Lazar

Photo chantier : © Simon Gosselin