5 au 16 mai 2025
80 h / 11 j
Ensad - Hangar Théâtre - Montpellier
Inscriptions ouvertes
Date limite inscription 30/03
Chantier ouvert à 12 artistes interprètes professionnel.le.s
Beckett et le clown - Essayer encore, rater encore, rater mieux
Depuis notre rencontre nous avons tissé des liens d’amitié en partageant un même goût pour l’observation du jeu des actrices et des acteurs.
Le temps de ce chantier sera propice à imaginer deux « ateliers ». L’un, avec Sophie, autour du travail de clown, l’autre, avec Anne, autour de Beckett. Au fil des jours, nous essaierons de tisser des liens entre ces deux approches, nous tenterons de donner corps aux un.e.s et de faire entendre les voix des autres. Ensemble et chacun.e à sa façon nous travaillerons à faire éclore l’instant de la parole, en tricotant ensemble et séparément ce qui pourrait être une « zone poétique», un endroit de jeu qui échappe au savoir-faire et qui offre aux un.e.s et aux autres des espaces d’invention et d’interprétation plus vastes et plus riches.
Nous analyserons, décortiquerons, étudierons les questions que soulèvent telle ou tel interprète. Quels sont ses choix, ses sources, ses directions, ses intuitions ? D’où ça part ? Où va se nicher la justesse ? Qu’est-ce qu’il /elle vit ? Qu’est-ce qu’il / elle donne à voir ?
La pratique du clown nous a toujours parue primordiale pour les actrices et les acteurs. Au même titre que le chant, le travail sur le texte ou le corps. Il ne s’agira pas de devenir « clown » à proprement parler, mais d’aiguiser quelque chose qui a à voir avec l’essence même du jeu théâtral.
Dans ce chantier, nous essaierons d’aller vers un état de disponibilité, d’écoute, de naïveté. À travers divers exercices d’improvisation, mais aussi un travail de textes, nous chercherons ce drôle d’être, maladroit, curieux, non-adapté, excessif qui est en chacun.e de nous et qui pourrait devenir un compagnon de travail et un outil très précieux.
Ils / elles danseront, chanteront peut-être aussi, se feront des cadeaux, feront des prouesses, deviendront des poètes. Nous nous questionnerons aussi sur leur voix et irons à la rencontre de leur langue, de leur singularité, sans aucune préméditation.
La langue de Beckett en balancier pour se tenir en équilibre.
Nous irons roder autour de lui et piocher dans son œuvre et principalement dans Molloy, L’image, Pas moi, Poèmes et Mirlitonnades. Sans nous empêcher de lire les pièces : Godot, Fin de partie et Oh les beaux jours.
Nous étudierons les fragments choisis. Nous travaillerons sur le son, le sens, le rythme, en travail individuel, en relais et en travail choral. Nous questionnerons la nécessité d’écouter le son de l’autre, de répondre à son propre son. L’étonnement, l’écoute de l’autre comme mise en jeu.
L’apprentissage de cette matière texte aura pour objet de permettre à nos « clowns » de s’exprimer par la parole quand le besoin se fera irrépressible.
Si ce drôle d'être parlait « Je. Qui ça ? » n’utiliserait-il pas les mots de Beckett, cette parole nue, intense ?
Nous chercherons ensemble et alors pourront émerger les mots de Beckett.
Beckett disait que rien ne pouvait être affirmé sur son œuvre, qu’elle devait être perçue et qu’il fallait en faire l’expérience.
Anne Alvaro et Sophie Rodrigues