Quand la littérature échappe au livre

Écrit pour la lecture solitaire, le silence intérieur, l’attention et la vitesse particulière à chaque lecteur, un texte de littérature est violemment percuté dans cette proposition paradoxale : la performance littéraire, qui mobilise voix, corps, présences.

Que faire de la densité du texte ? Quelles percussions et déflagrations opèrent les disciplines qui viennent s’hybrider à la lecture : danse, vidéo, musique, installation, etc. ? Quelle relation spécifique – distincte du « mode spectacle » ? – établir avec le public ? Comment ne pas se faire surprendre par les « circuits troubles » de la performance, en général sans production et sans regard extérieur ?

La performance est un art à nu, poreux aux lieux et situations, très mobile, ingénieux et bricoleur, hybride, et qui trouve dans les arts voisins du bois à brûler.

Comment réussir les fiançailles avec un texte écrit pour l’abstraction d’une page ?

De plus en plus, auteur·rice·s de littérature, comédien·ne·s, artistes, portent des textes littéraires au plateau ou en espace public. Il y a là un chantier et un format aux contours imprécis.

Nous établirons un laboratoire de lecture et réécriture de textes, de bricolages in situ, d’attentions aux lieux et dispositifs, d’adresses, à destination d’auteur·rice·s, de danseur·euse·s, de circassien·ne·s, de performer·euse·s, de comédien·ne·s, de plasticien·ne·s. 

Collectivement, nous scierons du texte, ajusterons, dresserons des cabanes textuelles où faire l’expérience, au présent, au vivant, des écritures littéraires.

Nous multiplierons les expériences et les formats, dans une logique de laboratoire.

Nous invitons les auteur·rice·s à apporter leurs textes ; nous les usinerons.

Joël Fesel & Charles Robinson

Photo vignette chantier : © Luc Jennepin